vendredi 31 mai 2013

Suspension du site du journal Iwacu : l’excès de zèle du CNC

Le Conseil National de la Communication a décidé de suspendre pendant 30 jours l’espace des commentaires du site du journal Iwacu, a cause des commentaires des lecteurs  qui inciteraient à la haine ethnique :
« Les commentaires des différents internautes lecteurs publiés sur le site web du Groupe de presse Iwacu en dates du 28 et 29 mai 2013 violent les prescrits des articles 10 et 50 de la Loi régissant la presse en ce qui concerne l’atteinte à l’unité nationale, à l’ordre et la sécurité publique, l’incitation à la haine ethnique, à l’apologie du crime et des outrages au Chef de l’État. »

Pour le souci de respecter la décision de l’Institution régulatrice, le journal Iwacu a décidé de s’exécuter. Mais pour manifester son  mécontentement, il a décidé de suspendre toutes les publications sur son site pendant toute la période :
« Le Forum fait partie intégrante du site web. Depuis sa mise en ligne en 2009, nous n’avons jamais dissocié la publication de nos articles aux commentaires de nos lecteurs. C’est à travers ces échanges que nous découvrons ce que l’opinion pense de notre travail, que nous nous améliorons. C’est à travers ce débat des 10.000 visiteurs quotidiens de notre site qui échangent, critiquent, argumentent, interpellent les institutions de la République et les concitoyens, que la société burundaise se penche sur son histoire, ses défis et ses réussites.
 Bref, pour nous, le Forum du site reste donc le lieu de l’expression démocratique du peuple burundais et des amis du Burundi, dans toute leur diversité ».

C'est la décision la plus irrationnelle et la plus insensée que notre Conseil de la Communication ait prise. Je n'ai jamais vu suspendre un journal pour des commentaires des lecteurs anonymes. Même l’émission de la Radio Publique Africaine sur laquelle Fidele Nsengumukiza a fait récemment l’apologie du crime politique n’a pas été inquiétée par le CNC. Quelqu’un a-t-il une dent contre le journal Iwacu ? C’est vrai, je n’ai pas lu ces commentaires qui ont valu au journal  la colère du CNC pour comprendre leur gravité. Mais Le Conseil de la Communication aurait dû demander au journal  de supprimer les commentaires en question ou de filtrer ceux qui sont mal venues. Mais aller jusqu'à suspendre tout le Forum, c’est un excès de zèle inutile.
Le journal Iwacu est le plus professionnel et le plus lu de la presse écrite burundaise, et son site est le seul qui donne régulièrement aux internautes des informations équilibrées sur le Burundi.

  Il ne reste aux internautes burundais ou qui s’intéressent à notre pays  que de se ressourcer sur Nyabusorongo.org, Tutsi.com ou Bujumbura.be ; vous avez dit haine ethnique ?

jeudi 30 mai 2013

Affaire Nyakabeto : Résistance oui, mais pas n’importe comment!

Qu'on s'indigne contre les méthodes CNTB ça me va.
Mais qu'on amène la tutsité ou la hutité dans l'affaire des conflits fonciers, ça me gêne énormément.
Et quand on commence à en faire une affaire Ngagara ça me gêne encore plus.
Puisque la CNTB a déjà opéré et elle est décriée, pourquoi ne pas le prendre dans l'ensemble?
Pourquoi en faire une affaire de quartier, d'un groupe de gens?

J'ai aimé l'analyse de Roland Rugero et le conseil qu’il donne aux jeunes Burundais qui se sentent concernés par ces conflits :
« Si j'en avais le pouvoir, je demanderais à tous les jeunes burundais qui me lisent, toutes ethnies confondues, d'être courageux. De nous approcher de nos parents. D'être francs et honnêtes avec eux. De leur dire : "Nous savons finalement peu de cette foutue histoire du Burundi. Mais vous, je sais que vous êtes mon père, ma mère. Alors, UNE question : cette maison que nous habitons, ces biens que je vois, les avons-nous eu légalement, honnêtement ? N'y a-t-il pas des cris d'un opprimé, d'une famille en exil, enfermés quelque part derrière ces murs ? Je ne veux pas de longues philosophies. Je veux juste un Oui, ou un NON."
 Puis, selon la réponse reçue, de nous préparer à gérer la suite. Il y'a ceux qui pensent qu'une gestion dans la contestation violente (physique ou symbolique) est la meilleure, tant les enjeux sont importants.
 Pour moi, je pense, au vu de l'évolution historique de notre pays, que la plus sage des décisions, même si c'est parfois faire violence à ce que nous considérons comme "juste", reste le respect des institutions. »

J’ai tout à fait le même sentiment! Si nos pères ont fait des erreurs, nous n’avons pas à les cautionner.
L’ignorance, on le sait, est la mère de touts les vices ! Si touts ces jeunes qui chantent ‘résistance » connaissaient l’histoire du Burundi et surtout celle des crises cycliques qui ont endeuillé le pays ils seraient moins pressés à se rentrer dedans !!!! Je les comprends mais en aucun cas je ne les excuse! De quelque ethnie que nous soyons, nous avons un devoir de chercher nos racines, nous avons aussi un devoir de porter un regard scrutateur sur les actes de nos parents !!! Aujourd’hui ma conviction est que les hutu et les tutsi sont tous coupables, mais aussi tous victimes ! Et nous comme nouvelle génération, nous devons nous détacher de ce passé lourd qui si on s’y attache encore peut nous tirer vers le fond.

Terminons ce billet sur les riches observations de M. Thierry Uwamahoro sur cette affaire de Ngagara qu’il s’amuse à comparer avec celle de Businde :
« 1. Les martyrs de Businde ne seraient pas morts en vain : le comportement des policiers hier à Ngagara ont montré un corps qui a appris à gérer les foules en ébullition.
2. Espérons que le cas Nyakabeto va servir d’étude de cas pour le reste du processus des actions de la CNTB. Il faut arriver à sauvegarder la paix sociale. Si les événements d’ hier nous ont appris quelque chose, c’est qu’une étincelle pourrait remettre en question tous les acquis des 10 dernières années. Imaginez ce qui se passerait si on avait 5 autres cas Nyakabeto ?

3. La CNTB devrait apprendre à mieux communiquer, particulièrement quand le dossier en question risque de basculer le pays dans la violence. Naho imanza zidacibwa mw’ ibarabara, la CNTB n’est pas non plus une court comme telle. L’aspect communication aiderait à éclairer l’opinion. Jusqu’à présent, par exemple, la CNTB n’a pas encore démontré (que je sache) que Nyakabeto était un acquéreur de "mauvaise foi". Et cela empire la situation d’avantage ».

mercredi 29 mai 2013

Conflits fonciers : il y a toujours une solution gagnant/gagnant

Hier la famille Nyakabeto a été expulsée par la force de sa maison à Ngagara par la Commissions Nationales Terres et autres Biens.  Steve Ndikumwenayo, qui a travaillé sur le règlement des conflits fonciers dans d’autres pays d’Afrique pense que cette décision n’est pas juste et qu’une solution gagnant/gagnant pour les familles qui se disputent les biens en question aurait pu être trouvée :

« Il n y a pas de solution idéale à ce genre de situations. Mais il y a toujours une solution gagnant/gagnant (qui s'oppose à la solution gagnant/perdant ou perdant/perdant pour ce cas précis).
Et dans la pratique (pratiques qui ont inspiré les Principes Directeurs relatifs au Déplacement des Personnes à l’Intérieur de leur propre pays et les Principes dits de Pinheiro), les solutions proposées sont celles qui évite autant que faire se peut un nouveau déplacement ou une éviction forcée, surtout lorsqu’il s’agit d’une acquisition de bonne foi.
L'une des solutions par exemple dans ce cas est le principe de réparation, car le principe de restitution n'est ni juste ni équitable.

Dans le cas où le retourné/rapatrié qui se considère comme vrai propriétaire ne peut pas (ou ne veut pas) recevoir réparation, l'acquéreur de bonne foi doit être indemnisé. Et l'indemnisation est préalable à tout déplacement, à moins qu’il y ait péril en la demeure.

La démarche de la CNTB pour le cas de Nyakabeto est dangereuse et est préjudiciable pour le Burundi qui est souvent cité comme un bon exemple de réconciliation et de justice transitionnelle. C’est aussi un retour un arrière par rapport au Droit International. En effet, depuis les années 199O et avec l'évolution des principes humanitaires, des mécanismes basés sur le Droit International des Droits de l’Homme, le Droit International Humanitaire et la Justice transitionnel ont été développés et doivent guider les Etats dans la résolution des cas complexes de retour et de promotion de solutions durables au phénomène de déplacement forcé.

En l’occurrence, les principes de Droit des Gens (  droit des gens dans la mesure où ces principes dérivent directement de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) qui justifient une éviction sont :
Justification de fond
Consultation des parties concernées sur les alternatives
Procès équitable
Droit au relogement
Non-discrimination.


La CNTB n’a aucune justification pour ce recours à l’éviction forcée. Des ateliers/formation en rapport avec ces mécanismes ont été organisés au Burundi (et très récemment par IDMC-Internal Displacement Monitoring Center) et les cadres CNTB étaient les principaux bénéficiaires. . Ce n'est donc pas par ignorance que la CNTB fait une fuite en avant. C'est à dessein et c'est dangereux ».

mardi 28 mai 2013

Réponse à Jean Régis Nduwimana : Evitons le bain de sang

Jean-Regis Nduwimana
Ce dimanche, mon ami Jean Régis Nduwimana qui enseigne la communication à l’Université Lumière de Bujumbura, a posté un message pour le moins violent sur sa page facebook :
« Le CNTB veut en découdre avec NGAGARA...
D'après une source proche de dossier, le CNTB va faire quitter la famille NYAKABETO de leur maison sise au Q5. Le chef de l'opération Pasteur Habimana peut s'attendre à un BAIN DE SANG, car la résistance est de mise face à la bande de policier à la solde des extrémistes du CNTB
ALERTE à tous, plus particulièrement les journalistes, membres de la société civile et parlementaires de l'UPRONA un nouveau BUSINDE est annoncé, ça sera à Ngagara Q5 N48-49 ».

Ma réponse : UN BAIN DE SANG? Mon ami Jean-Régis Nduwimana, il faut tourner la langue 7 fois avant de prononcer ces mots, qui peuvent te couter la CPI si la situation tourne mal. Les gars gardez du sang-froid, il y a la justice si les décisions de la Commission Nationale Terres et autres Biens ne conviennent pas. La violence n’a jamais rien sauvé. Mais vérifiez aussi si la famille NYAKABETO est dans la légalité, ces questions sont très délicates.

Normalement je partage l’indignation de ceux qui soutiennent les victimes d’injustices. Je ne peux pas  me prononcer sur le cas de la famille NYAKABETO puisque je n’ai pas d’informations confirmant ou infirmant si les biens dont on veut lui priver lui appartiennent ou pas.


Concernant le principe, je partage la position du politologue jésuite Désiré Yamuremye. Dans l’émission Kabizi de la RPA du 24 mai 2013, il dit ceci au nom de la justice sociale : « Jewe ngufatanye telefone yiwanje urayinsubiza ugaca uhiga nawe uwayikugurishijeko nacanecane iyo ufise zibiri». En gros, ceux qui détiennent les biens qui appartiennent aux autres doivent les remettre, et s’ils les ont achetés avec des banques ou des voleurs, c’est aux tribunaux de leur faire justice. La même chose s’ils ils ont reçu ou acheté des biens appartenant aux autres à l’Etat, ce le même Etat qui doit les dédommager. Le politologue ajoute que le CNTB devrait traiter les litiges au cas par cas.  Les institutions habilitées devraient trouver où caser ceux qui étaient dans la légalité et qui ont perdu leurs biens en attendant que la justice leur soit faite.
Beaucoup l'ont dit et ecrit: il faut eviter de tomber dans le piege de remplacer des injustices par d'autres injustices.

L’Age d’Or n’est pas pour demain.

Par Jean Prime Bores.

L’Union Africain vient de fêter 50 ans d’existence. Cela coïncide avec les 50 années d’indépendance de la plupart des pays africains. Mais quel est le bilan de cette union ou de cette indépendance ?
 « L’âge d’or n’est pas pour demain » est une traduction d’un livre anglais ‘‘Beautiful Ones are not yet born’’ écrit par le célèbre écrivain Ghanéen Ayi Kwei Armah. C’était au lendemain des indépendances. Pour lui, le continent noir devrait toujours attendre les bons et le braves de naitre afin de développer le continent après une certaine humiliation subit sous le joug du colonisateur. Pour le bilan, je dirais mitigé au regard des différents génocides au Burundi et au Rwanda, l’Est de la RDC, la chute et la mort de Kadhafi par l’Occident, la prise de pouvoir de la SELEKA au RCA, la guerre au Mali et j’en passe.

Au Burundi, le cas qui m’intéresse dans ce billet, l’espoir se cherche encore après 50 ans d’indépendance. Le colonisateur a introduit son mode de gouvernance « Divide and rule ». Qu’en-il aujourd’hui? Le colonisateur nous a divisés et nous avons accepté les yeux fermés. Au Burundi, il n’y a pas d’Ethnie Hutu ou Tutsi encore moins Twa. Ce n’est pas l’Anthropologue qui va me contrarier en considérant la définition de l’Ethnie. En complétant le colonisateur, les burundais on même introduit un nouveau recepé qui n’était pas au menu : les divisions régionalistes et religieuses. Aujourd’hui, quand on critique le gouvernement actuel, on vous traite de l’opposition. Allant même jusqu’à accuser la société civile et les organisations internationales comme le Human Right Watch de rouler pour l’opposition ;  diviser pour régner, toujours.

Avec l’arrivée de l’actuel président dans les hauteurs des collines de Makebuko, un vélo a la main avec son fils, les burundais croyaient un libérateur. Il avait même dénoncé la mauvaise gouvernance alors ministre de la bonne gouvernance. Il a dit ceci « Abantu bafukamye igihugu mu nda nakarwi katarenga abantu amajana abiri ». Est-ce que ce nombre a augmenté ou diminué aujourd’hui ? Ce que nous avons entendu, c’est que son ancien bras droit, compagnon de lutte et vice-président du comité des sages Manassé Nzobonimpa a réduit ce nombre à sept. Ironie de l’histoire. Ils ont combattu ensemble pour la justice sociale, l’égalité des chances et le développement de tous, Mais ce résultat est que le maigre gâteau national partagé toujours par une petite minorité.

D’après George Clemenceau, « En politique on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables ».  Mon ami Jean Claude Nkundwa explique cela sur le mur de facebook comme ceci : « La malchance qu'a toujours eu le pays c'est d'être gouverné par des individus qui n'ont jamais eu de vision d’un avenir pour tous les Burundais. Depuis la mort du prince, le Burundi est tombé dans les mains de l'égoïsme, ignorance, médiocrité, arrogance et j'en passe. Ces maux étaient entretenus par la violence structurelle; éliminations de certains en préservant les autres. Malheureusement, les même maux semblent toujours occuper une place importante dans notre système de gouvernance. »

Apres 50 ans d’indépendance, le Burundi tient le monopole de la pauvreté mondiale avec une corruption endémique. Apres 50 ans d’indépendances, le cholera, maladie des mains sale, frappe toujours comme il veut en pleine ville, la capital du Burundi, Apres 50ans d’indépendance, la principale ville n’a pas d’électricité, et vit au system de délestage. Le Burundi n’a pas de bureau de la Présidence et n’a pas de stade national de football malgré qu’on ait un président footballeur. Après 50ans d’indépendance le Burundi n’a pas de compagnie aérienne fonctionnelle.  Et pourtant les politiciens sont toujours occupés à chercher comment s’écarter les uns les autres, allant même à la violence et au meurtre.

Si on parle des GRR en 1972, les GEDEBU et les Sans échec en 1994, qu’en est il en 2013 ? Les Imbonerakure. Rien n’a changé. Différent tendance politique, même style et même histoire triste qui se répète. La seule différence est qu’il ya ceux qui opéraient en temps de guerre et ceux en temps de paix, mais pourquoi ?  Si Micombero a tué les innocents, les mêmes innocents périssent dans des rivières aujourd’hui, les autres contraints sur le chemin de l’exil.

Erica Jong disait ceci : « Chaque pays a le spectacle qu’il mérite. L’Espagne a la corrida, l’Italie a l’Eglise catholique, l’Amérique a Hollywood » Et le Burundi, mérite-il l’ignorance, la violence et  la médiocrité ? Je ne pense pas, il ya des burundais braves et capables de renverser le cours de l’histoire. Le titre reflète un certain pessimisme, mais je suis convaincu qu’un jour, il y aura les gents de bonne fois libérés de cette triste histoire qui nous hante depuis toujours. Et ces braves se trouvent dans toutes les différentes composantes de la société burundaise.


lundi 27 mai 2013

Izina niryo muntu?

Aujourd’hui je ne parlerai pas de politique. Un peu de spéculation ne fera pas du mal. Un proverbe burundais dit : Izina niryo muntu (littéralement : le (pré)nom c’est la personne). Et voila que grâce à Pamela Kazekare je suis tombé sur ce site dédié à la signification des prénoms (http://www.signification-prenom.com). Par curiosité, j’entre le mien pour voir ce que ca donne :

Signification du prénom  Jean-Marie
Etymologie : Dieu fait grâce (hébreu). Celle qui élève (hébreu).
Fête : 24 juin / 15 août
Qui est-il ?
Jean-Marie est un homme sensible et émotif, même si son comportement extérieur laisse supposer le contraire. En effet, il peut apparaître froid et distant ou un peu strict, alors qu'il ne s'agit que d'une façade dissimulant tant bien que mal sa timidité naturelle. Il est également prudent et méfiant et garde sa réserve lorsqu'il ne sait pas à qui il a affaire. Néanmoins, c'est quelqu'un qui gagne à être connu car il est sérieux, raisonnable, responsable et on ne fait pas en vain appel à lui. Il est doué pour gérer les problèmes matériels ou pratiques et n'est pas le dernier à participer, le travail étant souvent une satisfaction pour lui, ou un moyen de se mettre en avant.
Jean-Marie veut progresser sans cesse et si la monotonie a du bon puisqu'elle le sécurise un certain temps, la nouveauté est excitante ! De toute façon, lors des changements de son existence, il réfléchira longtemps avant de se lancer et ses risques seront calculés. Par ailleurs, bien qu'ayant un fond nerveux, il a un self-control très au point. Toutefois, il peut avoir quelques difficultés de prise en charge personnelle qui peuvent l'amener sur le chemin de l'autoritarisme, de l'intransigeance ou de l'arrogance... à moins que, plus rarement, il ne se repose un peu trop sur les autres. Enfant, il tend à être réservé et peut être trop intériorisé et secret, mais parfois aussi trop bavard. Il est attiré par les études à caractère scientifique et se montre discipliné et raisonnable. Il a besoin d'être encouragé car il se sent assez facilement incompris. Il faudra cultiver chez lui les notions de partage et d'humour.

Qu'aime-t-il ?
 Il aime plaire, mais beaucoup plus intellectuellement que physiquement. Il aime échanger des idées et communiquer sur des sujets qui lui tiennent à cœur, qu'ils soient en liaison avec les sciences exactes, la biologie, les animaux ou la nature, parfois même la politique. Sentimentalement, Jean-Marie est un homme fidèle et stable qui possède une morale un peu trop rigide et qui manque parfois de fantaisie, même si c'est ce qu'il apprécie chez sa partenaire. Souvent assez replié sur lui-même et égocentrique, il a du mal à exprimer ses sentiments et sa tendresse. C'est probablement pour cela que, méfiant, il préfère s'engager et s'investir dans la sphère professionnelle.

Que fait-il ?
Jean-Marie sera souvent attiré par une profession concrète. C'est ainsi qu'il sera susceptible de s'orienter vers des professions à caractère scientifique ou technique, l'enseignement (des mathématiques, de la biologie ou de la physique en premier lieu), des professions en rapport avec la terre, les animaux, l'ordre, la précision, l'artisanat...

Note : Sauf pour les professions à caractère scientifique ou technique qui ne m’attirent pas particulièrement, je me reconnais dans à peu près tout ce qui est dit sur mon prénom. C’est un fait troublant étant donné que je ne crois pas à la prédestination et que je ne prends pas au sérieux l’astrologie. Il va peut-être me falloir une remise en question.

Et votre prénom signifie-t-il VRAIMENT vous ?

dimanche 26 mai 2013

A quoi servent les hommes politiques

Dans l’émission Kabizi de la Radio Publique Africaine du 23.5.2013, M. Faustin Ndikumana, président de l’Association PARCEM (Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités)  a souligné un phénomène qui m’a interpellé à propos de notre classe politique. M. Ndikumana a l’impression que les hommes politiques ont abandonné les questions économiques, sociales et de gouvernance à la « société civile ». Les hommes politiques burundais sont en train de parler des élections en permanence. Il ne comprend pas comment, par exemple, les enseignants peuvent passer une semaine ou plus dans une grève sans que les hommes politiques se saisissent de la question et y proposent des solutions. Il rappelle que responsabilité des hommes politiques est d’améliorer la condition de vie des citoyens. J’ajouterai que quand les hommes politiques cessent de jouer ce rôle, ils ne sont plus d’aucune utilité.

Je suis totalement d’accord avec M. Faustin Ndikumana. Tenez. Entre 2010 et 2015, les hommes politiques Burundais burundais n’auront parlé que des élections.  Ils ont déjà passé ces 3 dernières années à parler des élections « truqués » de 2010. Maintenant qu’ils ont compris qu’on ne peut pas revenir en arrière, c’est le moment de se préparer aux élections de 2015, qui seront au centre du débat ces 2 prochaines années, en témoigne le récent atelier de Kayanza.

C’est vrai que depuis 2010, le contexte très tendu qui a poussé certains responsables politiques à prendre le chemin de l’exil a poussé les partis d’opposition, menacés de plusieurs façons,  à se battre d’abord pour leur survie. On ne peut pas le leur reprocher.   Mais la politique, c’est d’abord s’oublier et se battre pour les autres. C’est lutter pour que le chômeur trouve un emploi, l’affamé à manger, le malade puisse se faire soigner et le pauvre ait l’opportunité de scolariser son enfant et lui ouvrir un horizon vers le futur.  Mais la question qui se pose est de savoir comment se battre pour l’émancipation des autres alors que sa propre existence en tant qu’homme ou parti politique est menacée. Je n’arrive pas à répondre à cette question et j’invite tout le monde à y réfléchir.
Malgré les conditions difficiles dans lesquelles se trouvent les partis et hommes politiques, surtout de l’opposition, rien n’excuse qu’ils se désintéressent des problèmes sociaux-économiques de la majorité du citoyen, à savoir les remèdes à la pauvreté et  au chômage. Refuser de répondre aux préoccupations des citoyens revient à mettre en cause la raison d’être du parti ou de l’homme politique.

Rien de moi l’idée de légitimer les persécutions que subissent les militants de certains partis, surtout de l’opposition. Nous avons longuement dénoncée cette manière de faire la politique basée sur le meurtre et la terreur et qui ne devrait pas avoir lieu dans un pays civilisé comme le notre. Oui notre pays est civilisé et ceux qui veulent exercer une certaine influence sur son destin doivent se comporter en hommes civilisés, ce qui implique de ne se battre que par des idées.


Apres avoir longtemps dénoncé les excès du pouvoir, il est temps de souligner que l’opposition est aussi décevante sur bien de points. Les partis réunis dans l’ADC Ikibiri continue de réclamer des négociations avec le gouvernement actuel pour déverrouiller l'espace politique. On ne peut rien souhaiter de mieux qu’un espace politique ouvert où tous peuvent trouver leur place et agir librement. Mais le fait est qu’ils réclament des négociations depuis 3 ans, que le Cndd-Fdd n’a aucun intérêt à le faire et que conséquemment il faut se préparer à affronter PACIFIQUEMENT le Cndd-Fdd même si l'espace politique reste verrouillée. Il faut le dire, l’opposition a encore un accès privilégié aux medias, et au lieu d’y faire passer des propositions sérieuses pour améliorer les conditions de vie des citoyens et incarner une alternative au CNDD-FDD, elle ne s’exprime que pour souligner les injustices, souvent légitimes, dont elle subit. J’ai l'impression que l'ADC Ikibiri oublie que la politique ce sont les rapports de force et que réclamer en permanence des négociations finit par paraitre pour un aveu de faiblesse. C'est comme s’ils étaient en train de mendier et quand tu agis comme un mendiant ton interlocuteur te prends comme tel, à savoir qu'il peut simplement t’ignorer. Bien sur, la politique ne se joue pas qu’à la radio, elle se joue avant tout sur terrain. Mais je veux dire par là que seul le peuple convaincra le pouvoir à déverrouiller l’espace politique, par un vote-sanction ou par d’autres moyens legaux de résistance citoyenne.

 Il est temps d’oublier les négociations, de  faire des propositions concrètes, de convaincre les gens qu’à coté du parti au pouvoir il y a une autre force politique à laquelle ils peuvent se tourner si la politique du gouvernement ne convient pas.  Mais s’il n’y a aucun homme politique pour proposer un remède à la souffrance du peuple, il n’y aura personne pour suivre des politiques qui ne font que contester sans rien proposer.

vendredi 24 mai 2013

Atelier de Kayanza : Nous vous jugerons par le respect de vos engagements !


Comme toute personne soucieuse de la paix et du progrès démocratique de mon pays, je suis content que nos hommes politiques décident enfin de se parler et de se concerter en vue de la préparation des élections des élections de 2015. Ce n’est pas trop tôt. Nous l’avons toujours dit et répété (et nous ne sommes pas les seuls), il ne peut pas y avoir de paix sans dialogue sincère.

Mais le plus important que nous demandons à nos hommes politiques est de respecter leurs engagements.  Ce n’et pas le point fort de la classe politique burundaise, mais nous leur demandons de faire des efforts. Dans les ateliers comme celui de Kayanza, comme dans celui qui l’a précédée sous l’Egide du Bureau des Nations Unies en mars, les hommes politiques se donnent des feuilles de route qu’ils ne respectent presque jamais. On s’entend sur une chose et en sous-mains on fait l’inverse. Des exactions commises par certains Imbonerakure dans l’impunité à la fameuse loi « liberticide » qui attend la ratification par le président de la République, les actes démentent souvent avec plus de ferveur la bonne volonté de dialogue chantée au cours de ces ateliers. Le problème est que ces ateliers sont souvent destinés à séduire les bailleurs de fonds sans vrai souci d’améliorer le climat politique, devenu depuis 2010 irrespirable.

Mais ne minimisons pas les efforts des uns des autres. Tout a un début et nous espérons que ces ateliers sont le début d’un long processus qui nous amènera à des élections transparentes et inclusives en 2015 où la violence n’aura pas de place. Car les moments électoraux sont devenus, au Burundi comme presque partout en Afrique, des moments de violence sans précédent, où tous les coups sont permis y compris ceux qui donnent la mort à l’adversaire.  C’est cette cruauté primitive qu’il faut refuser.  Pour nous, tous les coups ne sont pas permis.  Si le pouvoir est important pour améliorer les conditions de vie de notre pays, il faut refuser les moyens immoraux qu’on utilise souvent pour le conquérir ou le conserver, en l’occurrence la violence, les assassinats, la tricherie et tout ce qui rentre dans cette catégorie. Conquérir ou garder le pouvoir en violant les règles élémentaires de la morale revient à brouiller, rendre méconnaissable et compromettre la cause même pour laquelle on lutte et qui est souvent noble. Les causes nobles méritent un combat noble qui suppose le respect de l’adversaire et du citoyen qu’on est supposé servir.

mercredi 22 mai 2013

Vital Nshimirimana : « La société civile n’a pas le droit de désarmer ».

Vital Nshimirimana

J’ai décidé d’interviewer le nouveau Délégué général du Forsc Vital Nshimirimana sur les principaux défis de la société civile burundaise. Ci-après l’entretien.  

 Il y a a peu près un mois que vous avez pris vos responsabilités à la tête du FORSC. Quels sont vos principaux objectifs pour votre mandat ?
Les principaux objectifs pour le mandat découlent des textes régissant le FORSC. Il s’agit principalement de veiller à ce que la société civile burundaise continue à jouer un rôle clé pour  l’émergence de l’Etat de droit, caractérisé par le respect des valeurs universelles de respect des droits de l’homme, la démocratie et la bonne gouvernance. Le FORSC doit particulièrement affermir le plaidoyer sur l’indépendance de la magistrature, ce qui est une condition sine quoi none pour l’Etat de droit au Burundi. Evidemment, la constitution du Burundi assigne au pouvoir judicaire le rôle de gardien de droits et libertés fondamentales  de l’homme. A ce titre, les droits et libertés fondamentales de l’homme au Burundi dépendent absolument de la qualité des prestations de la justice burundaise, de sa crédibilité et de sa disposition à défendre ces droits.
Egalement, le FORSC doit continuer à montrer sa position sur les questions d’intérêt général notamment celles liées aux droits de l’homme, la gouvernance, les élections et la justice transitionnelle.

Quels sont les principaux défis du moment pour le FORSC et la société civile burundaise en général ?
La visibilité et la présence de FORSC sur terrain font que les citoyens attendent beaucoup de lui. Ceci est une fierté pour l’organisation mais aussi un défi. Et pour cause, le Burundi est envahi par la peur ; oui, il faut le dire, les citoyens burundais ont peur. Ceci est perceptible lorsqu’on entend les réactions des uns et des autres. Ceci contraste par ailleurs avec les attentes de la population qui est  dirigée par des institutions désignées par elle-même depuis presque une décennie mais  des dizaines voire des centaines de citoyens continuent à subir la torture, les exactions extra judicaires, les assassinats. Il découle de cette situation que plusieurs attendent que le FORSC prenne les devants dans la dénonciation et l’aide des victimes pour  rentrer dans leurs droits. Parallèlement, le FORSC doit travailler sur des questions épineuses de gouvernance et  de corruption, ce qui lui attire la colère de certains détenteurs du pouvoir public. D’autre part, la collaboration entre le FORSC ou la société civile en général avec les pouvoirs publics n’est pas toujours tendre. A certaines occasions, la société civile burundaise est assimilée à l’opposition, ce qui me paraît comme  une tentative de décrédibilisassions de la société civile. Il n’est pas rare d’entendre une accusation selon laquelle ceux qui défendent les victimes des abus des droits humains en ont fait un fonds de commerce ! De toutes les façons, la société civile n’a pas le droit de désarmer, il doit continuer à défendre les valeurs positives qui fondent toute société démocratique où chaque citoyen est totalement épanoui.


Nous approchons des élections de 2015, sachant que la période électorale est souvent teintée d’intense violence. Quel rôle la société civile entend jouer dans le déroulement des futures élections et la consolidation de la démocratie ?
Comme dans certains pays africains, on pourrait dire que la période électorale est toujours entourée de tension. Dans les grandes démocraties,  les élections amènent l’opinion à se demander : qu’est ce que le nouveau régime va nous apporter en terme de bien être, de développement économique, de justice sociale, d’augmentation d’emplois ou en général, quelle sera la solution pour les principaux défis auxquels le pays est confronté ? Aujourd’hui plus que jamais, la violence paraît être un outil clé pour la mobilisation forcée en vue d’adhérer à son idéologie politique. Tel est précisément l’attitude de la Jeunesse Imbonerakure  affilée au parti CNDD-FDD. Cette  jeunesse  sème la terreur, se substitue parfois  aux instances judicaires et de sécurité. Par endroit, cette jeunesse fait la  loi d’autant qu’elle s’assure de l’impunité pour ses actes. La société civile  a décidé de  prendre sa responsabilité face à cet état de fait. En effet, à côté des activités traditionnelles d’éducation citoyenne, de sensibilisation et de contribution pour l’émergence de l’Etat de droit, elle a lancé ce 17 mai 2013, la campagne contre l’intolérance politique où elle entend mobiliser tous les citoyens burundais pour dénoncer les agissements des Imbonerakure qui sèment la terreur et s’adonnent à divers actes de violence afin de les identifier, les lister, les enregistrer et faire rapport à qui de droit autant que saisir les instances judicaires au nom des victimes conformément au code de procédure pénale. En somme, cette campagne est une occasion pour la société civile et les citoyens ordinaires de refuser ouvertement que des gens continuent à mourir ou à être persécutés à cause de leur pensée politique.

Le Burundi est un pays qui sort de la guerre. Ou en est la justice post-conflit et que faire pour qu’elle réussisse ?
Il s’agit du chapitre qui évolue à pas de tortue. Que des promesses ont été données à plusieurs reprises mais aucune n’a été tenue. La volonté politique manque vraiment. Rien ne saurait expliquer qu’après plus d’une demie décennie que les consultations sur la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle on n’ait avancé d’un iota ! D’ailleurs, la justice transitionnelle est contenue dans l’Accord d’Arusha dont émane la Constitution du Burundi. Aujourd’hui, on envisage, à la nième fois, le vote de la loi sur la commission vérité réconciliation. Ce qui est davantage gênant, c’est que le gouvernement entend par justice transitionnelle, le seul mécanisme de vérité. Mais les standards internationaux exigent qu’il y ait également un  mécanisme judiciaire pour punir les coupables et statuer sur les réparations à allouer aux victimes. C’est d’ailleurs une question de logique parce qu’on ne peut pas aboutir à la réconciliation du peuple sans justice.  D’un autre côté, il faut résoudre les questions préalables comme celles relatives à la sécurité. En effet, dans un  contexte où les gens ont peur, il serait trop demander que de chercher la vérité au sein de la population dont l’attention est tournée davantage sur les questions sécuritaires!

Quelles sont les forces et les faiblesses de la société civile burundaise ?
La première force de la société civile burundaise c’est sa légitimité : elle travaille pour le peuple, le représente et est la voix des sans voix. Les membres de la société civile sont engagés, proactifs  et solidaires. La jeunesse de la société civile burundaise assortie par le manque de moyens financiers et logistiques freine l’engagement de certains.  

 Est-il facile de succéder à Pacifique Nininahazwe ?  Il est bouillant, vous paraissez plutôt calme.
Représenter le FORSC est une grande responsabilité. Cela demande beaucoup d’engagement et de don de soi. Je suis plein d’admiration et d’estime pour mon prédécesseur. L’assemblée générale l’a désigné Délégué Général d’Honneur, ce qui veut dire qu’il est une personne ressource pour l’organisation. Toute l’organisation va continuer à profiter de son expérience et sa sagesse. Je ne suis pas trop calme.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous, M. Vital Nshimirimana? Quel est votre parcours académique et professionnel ?
Je suis juriste de formation, j’ai exercé au sein de la magistrature pendant 8 ans et demi comme juge et substitut du procureur. J’ai des diplômes de Maîtrise en droits de l’homme et Résolution pacifique  des Conflits de l’Université du Burundi, Droit International et Comparé de l’Université de Limoges et Droit International et Règlement des Différends de l’Université des Nations Unies pour la Paix de Costa Rica.
Je vous remercie.

Propos recueillis par Jean-Marie Ntahimpera.

jeudi 16 mai 2013

Pacifique Nininahazwe : « Fallait-il arrêter Fidèle Nsengumukiza » ?


Sur facebook, Pacifique Nininahazwe a réagi hier sur l’arrestation de Fidele Nsengumukiza et sur notre article (http://leburundinouveau.blogspot.ru/2013/05/fidele-nsengumukiza-barbare-un-jour.html). Pacifique pose des pistes de réflexion intéressantes que je ne pouvais pas m’empêcher de partager :

« Je suis vraiment gêné par le cas Fidèle Nsengumukiza, l'imbonerakure auteur de «en politique on ne tue pas, on élimine les obstacles ». Pour une fois je ne sais pas prendre position. Ce qu'il a dit est grave. Très grave. Doit-on l'arrêter pour autant? Sommes-nous devenus une société qui craint autant les idées différentes? Fidel a le droit de dire ce qu'il pense. Peut-on arrêter tous ceux qui pensent comme Fidel ou va-t-on simplement châtier ceux qui oseront dire qu'ils pensent comme lui! Et si ceux qui l'ont arrêté pensaient comme lui? 

Comme en toute démocratie, le plus important a été fait, le pouvoir s'est désolidarisé de la déclaration de Fidel et il a réaffirmé son attachement à l'Accord d'Arusha. Les principales forces politiques et civiles du pays ont unanimement condamné les propos de Fidel. Généralement l'autorité burundaise brille par son silence dans des moments pathétiques. Le comportement a été cette fois-ci contraire à cette habitude, je ne peux que le saluer. Visiblement la capacité de nuisance de Fidel est insignifiante s'il n'a exprimé que sa pensée personnelle. Imaginez combien de fois Jean-Marie LePen aurait séjourné en prison s'il avait été arrêté chaque fois qu'il prononçait des paroles xénophobes!

Revenons aux circonstances de l'arrestation de Fidele Nsengumukiza. Il a été arrêté, par le Service National de Renseignement, alors qu'il se rendait à la RPA pour expliquer ses propos. Pourquoi l'en a-t-on empêché? Il s'est probablement laissé emporter par la colère et il voulait présenter ses excuses à l'opinion. Ou bien il allait dévoiler l'équipe du complot pour "l'élimination des obstacles politiques", et cela aurait été salutaire pour le pays. Pourquoi veut-on lui refuser une telle chance? Qui a intérêt à ce qu'il se taise définitivement? En tout cas, le plus grave il l'avait déjà exprimé, à moins qu'on craigne qu'il dévoile des secrets. Et que vient faire le Service National de Renseignement dans cette histoire? Le Procureur en Mairie de Bujumbura pouvait convoquer Fidele et l'interroger probablement sur un plan d'élimination des signataires de l'accord (se c'est de cela qu'on l'accuse) et le laisser libre sauf si le magistrat a des indices irréfutables de la culpabilité de Fidel.

Et si la sortie de Fidèle participait à une stratégie de communication? Depuis une certaine période, je constate que le pouvoir sait détourner l'attention de l'opinion publique en créant des polémiques inutiles. Le débat sur les propos de Fidele (un débat qui n'en est pas un du moment qu'aucune force politique ne soutien la position de Fidel) nous détourne de celui encore plus important sur la loi anti-presse et sur d'autres sujets cruciaux de l'heure. Qui se souvient encore de l'incendie du marché central de Bujumbura, qui se souvient encore du massacre de Gatumba? La recette marche efficacement: ajoutez polémiques sur polémiques, les burundais oublient vite!

En disant ceci, je ne banalise pas la condamnation des propos de Fidèle Nsengumukiza. Ce qu'il a dit est très grave et très dangereux pour l'avenir de la démocratie au Burundi. Son plus grand tort est probablement d'avoir parlé tout haut d'un plan que d'autres exécutent silencieusement. Et s'il faut arrêter, je pense qu'on devrait commencer par les planificateurs et les exécutants des assassinats politiques (les exécutions extra-judiciaires notamment). On devrait commencer par chercher la motivation de certains projets de lois tendant à museler la presse et la société civile, n'est-ce pas une autre façon d'éliminer les obstacles? Pauvre Fidèle, je crains qu'un jour tu deviennes un autre obstacle à ne pas tuer ! »

mercredi 15 mai 2013

Fidèle Nsengumukiza: Barbare un jour, barbare toujours!


Fidèle Nsengumukiza est entré dans l’histoire du Burundi par la petite porte pour ses propos légitimant les crimes politiques perpétrés par certains éléments des jeunes Imbonerakure affiliés au parti au pouvoir CNDD-FDD. Sa petite phrase assassine : «en politique on ne tue pas, on élimine les obstacles » suscite beaucoup d’encre et de salive. Donc les Imbonerakure seraient en train d’ « éliminer les obstacles ». Aucune instance judiciaire ne touchera cette milice car, dit-il, ils sont prêts à s’organiser et à faire la « Révolution». Et parmi les principaux obstacles à éliminer notre révolutionnaire cite les Accord d’Arusha et tous ceux qui ont participé à sa mise en œuvre qui sont accusés d’avoir « exclu » cette jeunesse. Ce n’est pas une invention burundaise: partout où on veut légitimer le crime et banaliser le terrorisme,  on baptise ca « révolution ».
Sans doute, les Accord d’Arusha ne sont pas parfait. Comme tout texte fondateur, ils sont imparfaits. Mais que les criminels ne prétendent pas tuer au nom des « Accords de paix ». C’est simplement absurde. Concernant l’oublie dont serait victime la jeunesse, je suis totalement d’accord avec mon ami Thierry Uwamahoro, dont j’admire la lucidité :
« Disons pour une seconde que cette problématique d’une jeunesse oubliée dans l’accord d’Arusha est réelle. Est-ce que cette problématique sera résolue par des Imbonerakure massacrant la jeunesse et le leadership du Frodebu, MSD, FNL, etc ? Si cette problématique était réelle, je crois qu’elle serait mieux résolue par un rassemblement de tous les jeunes provenant de tous les partis politiques et de toutes les communes du pays pour faire un front commun et demander leurs droits (comme le droit au travail et une politique très claire de création d’emplois). C’est très dommage que quelqu’un aussi haut-placé fasse des propos aussi irresponsables et illogiques incitant et soutenant la violence».

 Bien sur, tous Imbonerakure ne sont pas des criminels, c’est une évidence. C’est une bonne chose que le porte-parole du CNDD-FDD se désolidarise des propos du « révolutionnaire ». Mais ca ne suffit pas. Si le gouvernement du CNDD-FDD n’est pas le commanditer des exactions, crimes, intimidations et autres absurdités commis par ses jeunes, il doit les arrêter, les punir et il en a tous les pouvoirs. Qu’il ne nous fasse pas regretter Buyoya qui, malgré sa politique controversée, a le mérite d’avoir pu maitriser les fameux Sans-Echecs.

Bien que je sois indigné par les propos criminels de Fidele, comme tout être humain qui a encore un cœur qui bat, je n’avais pas l’intention de lever le petit doigt, étant donné que je suis très occupé par les travaux de fin d’études ces temps-ci. Mais je me suis senti personnellement concerné  par celui qui, en balançant les propos les plus absurdes, se dit être « Incabwenge » l’intelligent, pour le simple fait qu’il fait partie du Conseil Economique et Social, un organe consultatif auprès du gouvernement. Je me demande ce qu’il peut conseiller le gouvernement, avec un niveau intellectuel et moral aussi médiocre.  D’ailleurs son cas devrait relancer le débat sur la façon dont on recrute ces fonctionnaires. Mais je connais à peu près déjà la réponse : il est de ceux qu’on recrute par militantisme, non pas par méritocratie. 

Je disais que je me suis senti personnellement concerné. Parce que je connais Fidele Nsengumukiza avant qu’il soit avocat du crime politique.  Nous avons étudié ensemble au fameux séminaire de Buta, connu pour ses « martyrs de la fraternité qui sont mort en restant unis alors que leurs bourreaux leurs demandaient de se diviser en hutu et  tutsi. A Buta, on nous inculquait de tourner la langue 7 fois la langue dans la bouche avant de parler. Je ne savais pas que quelqu’un qui a fréquenté le même milieu pouvait parler sans tourner la langue même une  fois!!!!  Mais ceux qui le connaissent ne sont pas étonnés.
Quand il est venu en troisième Lettres Modernes a Buta, j’étais en 9eme. Il était de deux années devant moi. Il avait fait son cycle Inferieur au Lycée Matana, où on lui avait donné le surnom de « Maharage », parce que, à en croire ceux l’y ont fréquenté, il volait les haricots. 

  Originaire de Matana, vantard, brutal dans ses mots comme dans ses actes, la plus grande fonction occupée au séminaire: chef de réfectoire. Toujours en désaccord avec ces collègues de classe, il était sans doute le plus détesté dans la communauté des séminaristes à Buta. Il était de ceux qu’on surnommait « Imbabasi » ou « M’as-tu vu », ceux qui « balançaient » aux autorités les petits secrets des élèves.  Pas par droiture, mais pour s’attirer les faveurs des autorités. Je pense que c’est aussi ce qu’il a fait en balançant ce projet criminel. Il ne l’a pas inventé (il n’en a pas les capacités), il a sans doute voulu être l’homme de la situation, faire plaisir à des gens hauts placés en jouant le porte-parole du « projet » d’ «éliminer les obstacles ».  S’il l’a dit, c’est que ce projet criminel existe, il faut donc rester vigilant et ne pas prendre à la légère ses propos.

Après le séminaire de Buta, Fidele Nsengumukiza a passé un semestre à la faculté de Médecine, Université du Burundi. Par après il a rejoint le FNL, puis le CNDD-FDD. Maintenant il rejoint la prison de Mpimba. Puni pour avoir révélé le secret ou lâché par ses supérieurs pour sauver la face? Dans tous les cas, les jeunes qui se laissent embarquer dans les projets criminels de ce genre devraient en retenir la leçon. Ca se termine toujours mal. Toujours.

vendredi 10 mai 2013

10 mai 1994


10 mai 1994: Nelson Mandela devient le premier président de l'Afrique du Sud indépendante (postapartheid). L'Apartheid était abattu. Ce qui différencie Nelson Mandela des autres leaders africains, c'est que malgré la cruauté de l'Apartheid (qui était la version africaine du fascisme) et 27 ans de prison, Madiba a pu libérer les oppresseurs et les opprimés, il a donné l'ordre aux milices de l'ANC de jeter les armes à la mer et a rejeté toute forme de vengeance. Comme nous sommes sur terre, l'Afrique du Sud n'est pas devenue un paradis, et les inégalités entre les riches et les pauvres, entre les Blancs et les gens de couleur persistent et le racisme ne s’est pas éteint d’un coup de baguette. Mais malgré le poids lourd à porter de son histoire, l’Afrique du Sud post-Apartheid a pu éviter la guerre civile, ce que n’ont pas pu faire nos chers pays des Grands-Lacs.
 Quelqu’un a dit qu’on juge une nation par la qualité de ses hommes. Et les hommes de qualité, comme Mandela, créent des institutions qui rassurent tout le monde.  Madiba peut encore inspirer les « hommes de bonne volonté" qui se donnent la main pour améliorer les choses. Au Burundi, ou ailleurs. 

mercredi 8 mai 2013

Inkuba ikubise ntitwara umwansi gusa


Un ami m’avait raconté comment, à Bubanza, pendant l’un des moments les plus obscurs de l’Histoire du Burundi,  l’une des milices  criminelles connue sous le nom de « Sans-Echecs », avait décidé d’exterminer tous les Hutus qui tombaient dans son viseur. A un certain moment il n’y avait plus dans l’entourage des hutus à tuer (ceux qui n’étaient pas morts avaient fui). Comme agatoki kamenyereye gukomba kama gahese, ils se sont rués sur les leurs, les tutsis, ils ont assassiné et pillé les gens de leurs familles.

Cette fois  l’histoire se répète. Des groupes de jeunes Imbonerakure affiliés au parti au pouvoir CNDD-FDD sont accusés régulièrement de tuer, torturer et intimider les militants des partis de l’opposition principalement du FNL. Mais ces jours-ci les medias relèvent des cas où ces jeunes se mettent à tuer des militants et des responsables de leur propre parti.  En commune Mutaho, ces jeunes sont accusés d’avoir assassiné le père du dirigeant du parti dans cette commune et d’autres influents de ce parti seraient visés ces jeunes (cfr Journal de la Rpa du 6 mai 2013). Et comme le ridicule ne tue pas, c’est l’administrateur de cette commune Mutaho qui armerait ce groupe criminel. Quand l’opposition ne sera plus une menace (ce qui est déjà le cas), ces jeunes risquent d’être utilisés par ceux qui veulent régler leurs comptes à l’intérieur du parti. Dans ce cas les potentielles victimes risquent d’être nombreuses.

Nous devrions tous dénoncer tous les groupes et actes criminels d’où qu’ils viennent puisque nous en sommes tous d’éventuelles victimes. S’ils touchent un ennemi aujourd’hui, ils peuvent nous atteindre ou toucher notre ami demain.

mardi 7 mai 2013

La tentation monarchique de Pierre Ier


Si j’étais président de la République, je n’oublierais pas de primer le premier mai à l’ occasion de la journée du travail l’un des rares savants burundais Gérard Niyondiko, co-créateur du Faso Soap ce savon permettant de repousser le parasite à l’origine du paludisme. Ce jeune étudiant qui, avec son coéquipier burkinabé Moctar Dembélé est le premier non-américain à recevoir le prix Global Social Venture Compétition, honore mon pays en apportant au monde une découverte scientifique positive qui contribuera à sauver beaucoup de vies, pas seulement au Burundi, mais aussi dans toute l’Afrique et partout où le paludisme fait rage. Il mérite une reconnaissance dans son pays d’origine aussi, où il peut inspirer beaucoup de jeunes gens qui se cherchent et qui, en voyant ce qu’il est en train de réaliser peuvent se dire : YES WE ALSO CAN! Nous pouvons aussi faire de notre vie quelque chose d’utile pour nous-mêmes ou pour le monde qui nous entoure, pourvu d’y mettre le prix. Bien sûr Mapepe a aussi sa part de mérite pour n’avoir jamais manqué à aucun rendez-vous pour les travaux communautaires malgré sa condition de « fou », qu’il n’a pas choisi, il n’y a aucun mal à ce qu’il bénéficie de l’estime nécessaire comme les gens « normaux ». Lui donner une reconnaissance gouvernementale est une preuve de gentillesse, d’humilité avec les petites gens et une volonté de réhabilitation de ces catégories de personnes que la société marginalise souvent. Mais si je voulais aller jusqu’au bout dans la logique d’encourager ceux qui contribuent de façon exemplaire au développement, en tant que président de la république, je viserais plus haut que les travaux communautaires, comme je vise plus haut dans mes choix de sportifs à couronner : comme Gérard Niyondiko, les sportifs Francine Niyonsaba, Hassan Ndayishimiye, Odette Ntahomvukiye ou Bryan Mugabowingabo font rayonner le Burundi dans leurs domaine de compétence.

 Si j’étais président, je ne donnerais pas au nom de la Republique de récompenses fantaisistes à mon fils de 7 ans, Jonathan. Ca sent trop la monarchie ou alors une infantilisation de la cité.  Mon fils a beau être le plus intelligent de la famille présidentielle, ca ne fait pas de lui le plus intelligent du pays. Du moins, rien ne le prouve. Bien sûr, comme tous les pères, j’aimerais mes enfants. Et parmi mes enfants, il y aurait naturellement mon préféré, le plus intelligent ou le plus loyal. Celui-là, je lui ferais mon successeur si mon pays était encore une monarchie. Il serait mon prince-héritier. Il aurait une place protocolaire spéciale, comme Moulay Hassan le prince-héritier du Maroc qui, à 10 ans, participe à tous les projets officiels de son père de roi. Même à 7 ans je le nommerais président de mon équipe Espoir FC, même à titre purement honorifique, histoire de lui faire comprendre que le destin l’a appelé  à gérer les affaires du royaume. Et ce serait normal! Mais comme mon pays est une république, il y a des choses que je ne peux pas faire. Je protégerais ma famille des aléas de la vie publique, et surtout je garderais mes enfants mineurs dans le domaine privé. Je me contenterais de leur donner une éducation exemplaire pour les préparer à devenir de grands Hommes, puisque j’en aurais les moyens. 

samedi 4 mai 2013

Vive la liberté, encore et toujours !


J’aurais aimé être hier avec ces journalistes qui, vêtus en blancs, pancartes à la main, en silence,  manifestaient contre la loi liberticide.
Je me sens mal à l'aise de vivre dans un pays ou l'on ne peut pas oser s'exprimer sur des questions de la vie du pays. Bien que je n’y sois pas maintenant, je suis attaché à mon pays et bientôt je vais rentrer. Pour moi la liberté y compris celle de s'exprimer est un don naturel et humain que tout individu nait avec. Elle ne doit être un privilège ni pour le journaliste, ni pour l’homme politique, encore moins pour le prince qui détient le pouvoir.
Dénoncer les injustices, la mauvaise gouvernance et les excès des hommes du pouvoir qui prennent le peuple en otage et qui ne travaillent que pour leurs intérêts reste l’une des missions premières non seulement des journalistes, mais aussi de tous les citoyens responsables.
La presse est en train de subir des menaces de mort  parce qu’elle dénonce les malversations économiques, l’empiètement de la liberté des expressions auxquelles les hommes de pouvoir s’adonnent souvent. Et le pouvoir de Bujumbura ne tôlerait pas ce message.

Le comportement du pouvoir de Bujumbura contribue encore plus a decredibiliser la classe politique burundaise, qui avait déjà une réputation sulfureuse, aux yeux du peuple et du monde. Les les hommes et les partis politiques nous balancent de beaux discours quand ils sont dans l’opposition, mais continuent les mêmes bavures que leurs prédécesseurs quand ils arrivent au pouvoir. Ils manipulent tous le peuple pour seulement servir leurs intérêts. La politique chez nous est connue comme l’art de mentir, et les medias ont le mérite de contribuer ne fusse qu’un petit peu à déshabiller ce mensonge et à rétablir une certaine vérité. Je suis solidaire à leur engagement, j’ai connu la guerre comme tous les compatriotes de mon âge  et cette expérience tragique m’a poussé à toujours soutenir le peuple opprimé.

Il y a une seule voie de sortie pour le Burundi : c’est le changement des mentalités, que ca soit de la part des dirigeants, des différents acteurs politiques ou sociaux, ou de la population en général. Il faut que les responsables politiques apprennent à assumer leurs responsabilités devant le peuple qu’ils sont censés représenter. Si le peuple veut la paix, il faut faire tout pour assurer la paix. Si le peuple a faim, il faut créer les conditions nécessaires pour le protéger contre la famine, contre la misère. Mais le peuple veut aussi la liberté. Il veut savoir ce que font les hommes qu’il a confié la gestion du pays. Et la mission des hommes politiques est de satisfaire les attentes du peuple- employeur, pas de lui couper la langue, les yeux ou les oreilles.
Il faut aussi que le peuple, pas seulement les journalistes et quelques activistes,  sorte de sa naïveté et ose demander des comptes à ses dirigeants. Il nous faut des dirigeants patriotes et responsables savent répondre aux préoccupations de leurs peuples.

Il y a un adage qui dit qu’on a toujours les dirigeants qu’on mérite. Si le peuple a le courage de réclamer des comptes à leurs dirigeants et à s’indigner contre tous les actes qui visent à les opprimer, le changement aura lieu.
 Et puis si on veut le changement il faut éduquer… Le changement à long terme passera par l’éducation. Il faut éduquer le peuple pour qu’il comprenne ses droits et ses devoirs, et puisse ainsi lutter pour préserver sa dignité.
Il faut cesser d’avoir peur. Il faut chercher et toujours dire la vérité. Il faut que chacun donne sa contribution pour sortir notre pays de la galère, de la pauvreté, et des conflits interminables qui ne cessent d’ensanglanter notre pays. Les artistes, les journalistes et les gens éclairés doivent continuer à dénoncer tous les actes qui n’honorent pas notre pays. Notre pays a besoin des efforts de chacun d’entre nous, ne l’oublions pas.

vendredi 3 mai 2013

Journée mondiale d’une liberté de la presse menacée au Burundi.


3 Mai- Journée mondiale de la liberté de la presse. Au Burundi, cette journée tombe mal puisqu’elle trouve sur son chemin une loi qualifiée par les professionnels des medias de « liberticide », en attendant  la ratification par le président de la République. Les journalistes, les  activistes de la société civile, les militants de l’opposition s’activent de toutes leurs forces contre cette fameuse loi. Cette loi est comme la peste : nous n’en mourrons pas mais tous seront frappés. Si elle est promulguée, les journalistes qui le peuvent devront changer de profession, pour ne pas prendre le risque d’aborder des sujets interdits par cette loi et  de s’exposer à des amendes en millions, alors que les plus chanceux d’entre eux ne dépassent pas 300 dollars de salaires. Les medias qui veulent survivre devront faire comme Kabondo et ne diffuser que les activités du président de la République.

Le sénateur Gélase Ndabirabe a révélé aux yeux du monde l’esprit de cette loi : punir les journalistes pour avoir continué à dénoncer les excès du pouvoir de Bujumbura alors que l’opposition politique avait fui ou tombé dans la clandestinité. Autrement dit, les journalistes doivent fermer leur gueule ou être condamnés au trou.

Un commentateur sur facebook a trouvé les mots pour analyser le phénomène: « Accuser les journalistes d'être des opposants politiques montrent à suffisance que le fond du problème avec les journalistes est qu'ils font très bien leur travail en soulevant des informations gênantes pour le pouvoir en place quand tu étudies le projet de loi sur la presse où le but n'est pas de corriger certaines faiblesses professionnelles qui peuvent survenir chez les journalistes mais plutôt le contrôle de leurs sources d'information ».
Ces ministres, députés et sénateurs qui votent cette loi veulent protéger leur pouvoir à tout prix. Mais ils ne resteront au pouvoir éternellement. Le jour où ils ne seront plus au pouvoir cette loi les rattrapera puisque les journalistes n'en seront pas les seules victimes. Ils n’auront pas de cadre d’expression et personne ne se souciera des injustices qu’ils subiront. Mais il y a une autre interprétation possible du comportement des élus qui votent une loi que tous les concernés vomissent : ils sont jaloux. Oui, ils sont jaloux de la liberté que jouissent journalisent puisqu’au CNDD-FDD ils sont comme en prison : ils n’ont pas le droit d’avoir une opinion contraire à celui du Conseil des Sages. On se souvient qu’au milieu du mois d’avril le président du conseil des sages du CNDD-FDD Pierre Nkurunziza a rassemblé les élus de ce parti où il a sévèrement réprimandé ceux qui ne sont pas favorables à son projet de briguer un troisième mandat en les traitant de « traitres ». Dans ce cas il devient compréhensible qu’au delà de la solidarité à leur parti, les élus du CNDD-FDD ne supportent pas que les journalistes puissent dire tout ce qu’ils veulent alors qu’eux-mêmes ne le peuvent pas.  

Damien Roulette a récemment écrit un excellent article sur son blog où il se demande si la Belgique reste la dernière chance pour les journalistes burundais (http://damienroulette.wordpress.com/2013/04/29/la-belgique-derniere-chance-pour-les-journalistes-burundais/). C’est vrai qu’au nom de la liberté d’expression à laquelle ils sont attachés certains parlementaires et sénateurs belges ainsi que certaines ONG internationales ont témoigné leur rejet de cette loi « restrictive ». Mais il serait très imprudent que les journalistes et les activistes burundais dorment sur leurs lauriers en attendant que les diplomates fassent pression sur notre cher président pour lui convaincre de ne pas ratifier cette loi. S’il est vrai que la diplomatie a joué un grand rôle dans la libération du journaliste Hassan Ruvakuki, il est aussi vrai que l’avenir de la liberté d’expression au Burundi dépend de jusqu’où les activistes burundais sommes prêts à se battre pour préserver les acquis en matières de libertés.   C’est à nous d’en payer le prix, personne ne le paiera à notre place.

jeudi 2 mai 2013

Démocrature à la burundaise

Franchement, c'est une erreur de sémantique si on parle de démocratie au Burundi. Je pense qu'il nous faut trouver un autre concept pour qualifier ce qui se passe dans mon pays. Nous chantons la démocratie, et même le parti au pouvoir se veut défenseur de la démocratie, mais tout ce qu'il fait est anti-démocratique. De l'organisation des élections aux violations des droits de l'homme par des agents de sécurité protégées par le système, en passant par le manque de respect pour la constitution, a la politisation des éléments de la police, au déni des droits et libertés fondamentaux comme la liberté d'expression (voir la loi que le sénat vient de voter qui va réglementer les media), la liste est vraiment longue. Nous avons une dictature maladroite qui porte le manteau de la démocratie, dans les paroles...