mardi 30 avril 2013

Buta: Frères à la vie, frères à la mort


Le 30 avril 1997, quarante jeunes élèves du séminaire de Buta étaient assassinés par un mouvement rebelle.
Les jeunes élèves resteront gravés dans l’histoire du Burundi comme les « martyrs de la fraternité » qui ont choisi de mourir unis plutot que de céder face à des bourreaux qui leur demandaient de se séparer en hutus et en tutsis. Le message qu'ils nous ont legué est clair : au delà de ce qui nous divise, il y a ce qui nous unit et ce qui unit les humains est plus fort que ce qui semble les diviser: c'est la dignité humaine.
Oui, la mort dans l’union de ces jeunes est un exemple de fraternité interethnique que les politiques en mal d’inspiration ont nié et instrumentalisé depuis l’indépendance pour des intérêts qui sont autres que ceux du peuple burundais, jusqu’ à provoquer les massacres et tous les événements tragiques qui font l’ombre à la vocation du peuple burundais que sont la paix et la prospérité.
 Buta est un symbole, non pas parce que des gens y sont morts (ça mourrait partout à cette époque- là), mais parce que les victimes ne sont pas seulement des victimes, mais des résistants qui refusent qu’on leur impose la haine de l’autre. Ils sont à limage de la société burundaise, qui est aussi devenue victime de cette haine, devenue à son tour l’instrument politique le plus dominant qui sert de cuisine préférée à ceux qui veulent accéder au pouvoir ou le conserver.
 Buta est un symbole, non pas parce ces jeunes ont été victimes du CNDD, puisqu’ ailleurs, d’autres Burundais ont été victimes d’autres mouvements, d’autres armées et d’autres « écoles du crime », comme ils sont nombreux dans notre pays. C’est un symbole parce que ses victimes n’ont pas d’autres qualificatifs, ils ne sont ni hutus ni tutsis, ni du nord ni du sud : ce sont des victimes de la folie des hommes. Ce qui est important, c’est que la justice soit faite à toutes les victimes, et que l’impunité qui règne autour de ceux qui se sont fait la spécialité de tuer s’arrête à jamais. Il n y pas de bons et de mauvais victimes, même si certains militants anti-génocidaires ou anti-putschistes ont tendance à l’oublier.
Les « martyrs de Buta » devraient être un repère pour la réconciliation nationale. Au delà des ethnies, des partis politiques ou des régions, il y a des hommes qui cherchent la dignité de vivre.
 Que ce message soit écouté et entendu par tous les Burundais qui, en cette période d’incertitudes, manquent de repères. Les gens innocents continuent à mourir pour leurs idées et leur sympathie politique sous le silence complice des responsables de notre pays qui ont la responsabilité de protéger tous les citoyens, burundais ou étrangers.
Hier, nous nous souvenions des « événements » d’avril 1972 dont les victimes appellent « génocide » même si aucune instance de l’ONU ne l’a pas encore reconnu comme tel.  Mon amie, comme des milliers d’autres Burundais, n’a pas encore oublié son père emporté par cette folie alors qu’elle n’avait que 3 ans. « La date d'aujourd'hui est en même tant mon moteur pour agir, mais aussi une source de déprime énorme! »
Comme le malheur ne vient jamais seul, sa mère aussi a été emportée par d’autres crimes à Kamenge 6 mars 1994, là aussi, pas de corps à la famille!
L'important, dit-elle, est qu’aucun autre enfant burundais ne subisse ça, sous un régime soi-disant démocratique! Il n’y a pas de meilleur souhait pour notre pays.

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