dimanche 24 février 2013

Le Bon Citoyen



Je salue le choix du FOCODE qui a décidé d’attribuer le Prix FOCODE du Bon Citoyen 2013 à Gaston Gahungu, l’ancien chef de la colline Songa à Gitega. Ce notable avait été destitué par l’administration en 2012 pour avoir dénoncé un assassinat commis par des agents des forces de sécurité, dont un certain Rwembe.

J’ai regardé avec intérêt cette vidéo comme nombreux de mes compatriotes et j’ai été très impressionné par le courage de ce chef de Colline qui, en vrai Mugabo, n’a pas eu peur de dénoncer les assassinats commis par  des agents du gouvernement, tout en sachant qu’en faisant cela il s’exposait aux sanctions les plus impitoyables, voire même a la mort. 

J’ai encore plus été impressionné par cette population de Songa qui n’a pas eu peur de défendre bec et ongles le baron Gaston, tout en sachant qu’ils risquaient de s’attirer le châtiment des puissant autant que lui. Bien sur, le soutien du peuple n’a pas empêché les gens d’en haut de destituer M. Gaston .

M. Gaston Gahungu est de ceux qui ne préfèrent pas la vie aux raisons de vivre. Il le dit lui-même : « Oui j’ai peur mais même si on me tue je serai martyr de la vérité. Je ne peux pas supporter de laisser tuer des gens et me taire, alors que  je suis responsable de la colline ». Ce sens de responsabilité, c’est tout ce qui manque chez nombreux de nos responsables. 

M. Gaston Gahungu mérite donc ce prix du Bon citoyen puisqu’il en est un.
Les personnalités comme Gaston Gahungu ont besoin d’être encouragées. Comme le dit mon ami Acher Niyonizigiye, la destinée des peuples dépend de la qualité morale de ceux qui les dirigent. Ce donc les gens comme Gaston qui ont une qualité morale élevée qui sont capables d’élever notre société. 

Comme les précédents lauréats du Prix FOCODE du Bon Citoyen Gabriel Rufyiri (2007), Albert Mbonerane (2008), Eulalie Nibizi (2009), Térence Ndikumasabo (2010), Libérate Nicayenzi (2011) et Pierre Claver Mbonimpa (2012), Gaston Gahungu est la conscience morale du Burundi.

samedi 23 février 2013

Journée de l’Homme.



En Russie, le 23 février est pour les Hommes ce que le 8 mars est pour les femmes: c’est un grand jour où on rappelle à l’homme qu’il doit aimer une seule femme et défendre la patrie. C’est beau, la patrie ! Mais moi je vais plus loin. J’appeler tous ceux qui ont le cœur qui bat à défendre l’humain en difficulté partout où il se trouve : les pauvres, les malades, les chômeurs, les victimes des injustices et des différents aléas de la vie. Ce sont ceux-là, je crois, que les écrits bibliques appellent nos prochains quand ils nous disent : aimez votre prochain.
On ne peut sans doute pas soulager toute la misère de notre monde, mais chaque âme sauvée est une victoire.
Pour célébrer cette journée dédiée a l’homme, je suis allé dans un cirque pour la première fois. Contrairement à la cruauté que j’imaginais dans un tel lieu, j’ai été étonne par les talents artistiques des hommes, des femmes et des animaux. Les chevaux m’ont rappelé l’histoire de viande de cheval qui fait beaucoup de bruits en Europe. Bien que je ne me souviens pas avoir goûté la viande de cheval, je ne crois pas que la différence puisse être grande avec la viande de vache vue les physionomies similaires de ces deux animaux.
J’ai eu l’impression que l’homme peut apprivoiser tous les animaux’ ce qui ne lui empeche pas d’etre un loup pour son semblable.
En gros, la journée de l’Homme s’est bien passée. En attendant demain.

jeudi 21 février 2013

Le baptême du diable



Acher Niyonizigiye

Le baptême du diable [1]
Par Acher Niyonizigiye
Le Burundi a vécu la plus grande partie de son histoire post-Independence dans la fumée de la haine, de la discrimination, du mensonge, de l’hypocrisie, de la politique du ventre, de la brutalité et de la pauvreté, et j’ai peur que la capacité visuelle de nos yeux en ait été sérieusement affaiblie. Aujourd’hui, la désillusion s’installe car les mêmes pratiaues qui avaient été avancées comme justificatifs de la guerre continuent à façonner l’image de notre pays. Nous courons un danger de nous adapter au mal, de perdre la sensibilité de nos consciences face à ce qui ne devrait pas être, de baptiser le diable! 
Nous nous sommes habitués aux récits des assassinats et de la torture. Le sang ne soulève plus une torée d’indignation dans nos cœurs aussi longtemps que la victime ne nous est pas connue. Quand des hommes armés entrent dans un bar et tuent plus de trente personnes innocentes, quand des corps sans vies sont liés et jetés dans nos rivières, quand un homme tue son frère ou son père à cause d’un conflit foncier, quand un vieillard est battu à mort sur base d’accusations de sorcellerie, quand un chauffeur cupide et irresponsable projette un minibus dans un ravin et provoque une dizaine de morts, quand des hommes armées entrent dans un ménage et massacrent la famille, quand un albinos est assassiné et mutilé, quand un jeune homme est criblé d’une trentaine de balles dans la tête à cause de son appartenance politique, quand une nouvelle veuve ne parvient plus à retenir ses larmes et nous donne le récit de l’assassinat de son mari entrecoupé de sanglots, cela devrait nous faire pleurer ensemble comme peuple. Nous devrions tous avoir assez d’humanité pour décrier cet état de choses avec toutes nos forces et par tous les moyens. Comme disait un prêtre Catholique Congolais, la mort d’un seul individu devrait nous faire pleurer autant que celle de mille personnes. 
Malheureusement, nous faisons quelques commentaires et la vie continue ! Quand ces visages ensanglantés nous sont inconnus, nous en parlons légèrement, et on s’en arrête là ! Et pourtant, cela témoigne de la domination de la bestialité et de la dégénérescence morale (ubukoko, ubupfamutima) dans notre pays. Hier, nous nous divisions sur base d’appartenance « ethnique », et cela justifiait l’indifférence face à un acte d’assassinat. Aujourd’hui, c’est la politique qui nous divise et risque de rendre insensible aux cris de ceux qui souffrent. Nous nous donnons des prétextes pour faire l’infaisable et cela nous permet aussi de fermer nos cœurs face à des situations écœurantes. Nous sommes en train de tuer nos consciences, de baptiser le diable. Nous oublions que nous sommes un même peuple et qu’une personne morte est une perte pour nous tous. Nous oublions que nous sommes une même humanité et que la mort d’une personne nous affecte négativement tous, directement ou indirectement. 
Nous ne pouvons pas nous façonner notre bonheur exclusif quand nos voisins sont en deuil. Nous pouvons, il est vrai, nous bâtir des villas impénétrables pour nous créer un paradis artificiel. Mais aussi longtemps que nous continuons à créer l’enfer autour de nous, notre paradis sera quand même en enfer. Nous pouvons nous enrichir en rendant le pauvre plus pauvre – mais cela ne nous procurera jamais la paix et la satisfaction que nos cœurs cherchent. L’homme est fait de telle sorte qu’il ne peut pas être heureux en rendant les autres malheureux. Nous vivront avec des consciences lourdes et troublées ; et passeront le reste de notre vie dans la peur d’un renversement de la situation, et à calmer les protestations de notre conscience. Pire encore, nous créerons de la frustration autour de nous – et je trouve que la frustration est une bombe qui tôt ou tard finit par exploser, et sérieusement exploser. Quand nous ne faisons pas preuve de pitié et de compassion envers notre voisin, l’histoire ne fait généralement pas preuve de pitié envers nous non plus. 
Oh, si nous comprenions tous que la vie est sacrée, et que nous ne pouvons pas bâtir un pays paisible sur les pleurs des veuves et le calvaire des orphelins ! Si seulement nous comprenions que notre stupidité ne va pas changer les lois de la nature et que nous récolterons certainement ce que nous sommes en train de semer ! Si seulement nous avions le courage de nommer les choses comme elles sont, de dire au diable qu’il est diable et que le baptême n’est pas pour lui ! Si seulement nous séparions le pur de l’impur et que nous mettions l’étiquette appropriée sur chacun des deux! 
J’ai peur que nous nous habitions tellement au mal au point de ne plus le voir comme mal. J’ai peur que nous ne finissions par confondre la lâcheté et la prudence, la brutalité et la force, la bassesse et la noblesse d’âme. J’ai peur que nous ne finissions par confondre l’ange et le démon, Dieu et le diable. La corruption et les détournements, la politique de l’exclusion, la manipulation de la religion pour des fins politiques[2], l’hypocrisie, le mensonge, la dureté de cœur, le meurtre et d’autres pratiques répréhensibles sont le lot quotidien du rythme de la vie de notre pays aujourd’hui. A force de vivre avec cette réalité, notre haine du mal peut cède petit à petit ; au point que certains d’entre nous trouvent normal que de telles choses soient faites. Et pourtant, et pourtant… Je me rappelle des paroles du Prophète Esaie (Es. 5 : 20) :
Maudits sont ceux qui prennent le mal et l’appellent bien
Et qui prennent le bien et l’appellent mal
Qui mettent l’obscurité à la place de la lumière
Et la lumière à la place de l’obscurité
Qui mettent ce qui est amer à la place de ce qui est sucré
Et ce qui est sucré à la place de ce qui est amer
Quand j’observe mon pays et que je me souviens de ces paroles, j’ai peur. 
Nous sommes en train de re-commettre les erreurs de notre passé. Nous sommes en train de repasser par les chemins tortueux qui nous ont menés au gouffre. Le salut de pays reste entre les mains de ceux d’entre nous qui ont toujours les yeux qui voient, des cœurs moraux qui battent et des consciences sensibles. Avant qu’il ne soit trop tard, avant que notre folie ne commence à produire leurs fruits amers et que l’histoire ne nous frappe de plein fouet encore une fois, avant que cet avion qu’est notre pays ne percute une montagne, osons remettre le diable à sa place. Nous ne serons jamais heureux aussi longtemps que nous nous comporterons comme ceux que Dieu déclare maudits !

 [1] Il est possible que ce titre choque mes frères et sœurs Chrétiens, et je voudrais m’en excuser. L’image est très choquante, et j’ai osé m’en servir exactement pour choquer. Je respecte le baptême et sais que le diable ne sera jamais candidat au baptême. Mais ce qui est en train d’arriver dans le pays n’est pas différent de l’horreur de baptiser le diable.
[2] Voir les analyses faites dans le tout dernier magazine Iwacu
Site de Acher Niyonizigiye http://www.acherniyonizigiye.jimdo.com

mercredi 20 février 2013

La faiblesse des bombes lacrymogènes


Foto: Teddy Mazina

Chaque mardi, les journalistes avaient pris l’habitude de faire une marche manifestation pacifique, silencieuse, pour exiger la libération du journaliste Hassan Ruvakuki dont la peine a été remuée récemment de la perpétuité a 3 ans de prison. Ce qui ne suffit toujours pas, étant donné que Hassan Ruvakuki n’a commis aucun crime. Il est accusé d’avoir donné la parole à un groupe rebelle, ce que font et ont toujours fait tous les journalistes qui se respectent.

La manifestation des journalistes était sans histoire, jusqu'à ce que la police s’en mêle hier en leur jetant des bombes lacrymogènes. Cette répression par la police d’une manifestation pacifique d’une petite centaine de gens, montre que les libertés au Burundi sont encore fragiles. La prise de conscience de cette fragilité encourage ceux qui sont attachés aux libertés à doubler d’efforts pour conserver les acquis dans ce domaine. La liberté de manifester n’est pas un privilège, c’est  droit. Le gouvernement et la police n’ont pas encore compris ca. 

Сomme l’a observé un lecteur, le musèlement crée plus de bavards qu'il n'en supprime; cette police a fait une publicité gratuite et à la presse, et à Ruvakuki! Si le gouvernement veut éviter que Ruvakuki fasse beaucoup de bruit qui puisse lui nuire, il devra laisser manifester les journalistes et tous les autres citoyens ; et s’il est plus sage, il exigera la libération du journaliste et de tous les innocents qui croupissent en prison.

lundi 18 février 2013

Ces militaires qui abusent la population



Je suis aussi choqué par le comportement de ces militaires de la position de Rubanda qui obligent à la population de leur apporter le bois de chauffage gratuitement et par la force. Comme l’a rapporté la radio Isanganiro ce samedi, ces militaires ont empêché de fréquenter le marché de Rubanda les habitants qui ne leur apportaient pas ces bois de chauffage. Cela est une violation flagrante des droits des citoyens par des « serviteurs »  du gouvernement. 

Le ministère de la défense est l’une des institutions les plus budgétivores de la république du Burundi, rien n’explique alors que de pauvres gens qui luttent quotidiennement pour survivre, se faire soigner, envoyer des enfants a l’école soient obligés de faire quoi que ce soit d’autre pour des militaires qui sont nourris, habillés et salariés par l’argent du contribuable, dont les taxes perçus sur le petit business de ces pauvres gens. 

Cette mauvaise habitude des militaires est sans doute héritée de la période de guerre où les militaires traitaient la population comme des esclaves à tout faire ou des prisonniers de guerre. Je me souviens que sur notre colline les militaires obligeaient les gens à leur apporter le bois de chauffage et puiser de l’eau chaque jour. Je me souviens aussi que les militaires venaient boire gratuitement dans le cabaret de mon père, qui avait cru tirer ne fut-ce qu’un petit profit dans la vente des boissons après avoir perdu son travail de menuisier suite à la guerre.  Comme d’autres cabaretiers de la colline, mon père a dû fermer.
Comme mon père, tous ceux qui ont été abusés par les militaires, y compris les femmes violées, ont été obligés de fermer la gueule et ne rien réclamer pour rester en vie, la dispute avec un homme en uniforme pouvant se solder par la mort.

Les habitants de Rubanda ne doivent pas être les seuls à se faire malmener par les militaires. Au nom de l’Etat de droit ces pratiques barbares doivent cesser. Les militaires font sans doute des sacrifices pour la patrie, mais leur statut aussi prestigieux soit-il ne leur donne pas le droit de traiter d'autres humains comme des esclaves ou des objets.